18. ENCYCLOPÉDIE : LE PARADOXE DE LA REINE ROUGE
Le Paradoxe de la Reine Rouge a été développé par le biologiste Leigh Van Valen. Il fait référence au livre de Lewis Carroll : De l’autre côté du miroir (la suite d’Alice au pays des merveilles).
Dans ce roman Alice et la Reine Rouge du jeu de cartes se lancent dans une course effrénée. « Mais, Reine Rouge, c’est étrange, nous courons vite et le paysage autour de nous ne change pas », dit la jeune fille. « Nous courons pour rester à la même place », répond alors la Reine.
Leigh Van Valen utilise cette métaphore pour illustrer la course aux améliorations entre les espèces. Ne pas avancer, c’est reculer. Pour rester sur place il faut aller aussi vite que les autres autour.
Concrètement, si à un moment la sélection des espèces avantage les prédateurs les plus rapides, elle va aussi avantager les proies les plus rapides qui vont pouvoir ainsi leur échapper. Ce qui a pour résultat un rapport de force inchangé. Mais l’ensemble va produire des individus de plus en plus rapides.
La théorie du paradoxe de la Reine Rouge énonce : « Le milieu dans lequel nous vivons évolue, et nous devons évoluer au moins à la même vitesse pour rester à la même place et ne pas disparaître. »
Leigh Van Valen utilise aussi l’exemple du papillon qui plonge sa trompe dans l’orchidée pour se nourrir du nectar. Par cet acte, il se barbouille de pollen, transporte le pollen et fertilise d’autres fleurs.
Mais les papillons ont augmenté de taille, leur trompe s’est allongée et ils ont pu aspirer le nectar sans toucher le pollen. Du coup n’ont survécu à ce changement que les orchidées qui avaient les cols les plus profonds. Ce qui obligeait l’insecte à toucher leurs zones sexuelles.
La fleur s’est adaptée et a allongé son réceptacle à nectar, le nectaire, entraînant la disparition des papillons les plus petits et favorisant le développement des papillons les plus grands. À chaque génération il y a une sélection des orchidées les plus creuses et des papillons à trompe la plus longue. On trouve désormais des nectaires profonds de 25 cm ! Ainsi la théorie de Darwin est battue en brèche par le paradoxe de la Reine Rouge, les espèces évoluent ensemble et se transforment pour rester en phase avec leur milieu. La sélection s’opère sur la capacité de suivre l’évolution du milieu.
Leigh Van Valen pousse sa métaphore jusqu’à faire référence à la course aux armements entre prédateurs et proies, puis au sein des hommes entre épée et bouclier. Plus les épées sont tranchantes, plus les boucliers deviennent épais. Plus les missiles nucléaires sont destructeurs, plus les bunkers sont profonds et les missiles antimissiles rapides.
Edmond Wells,
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome VI.